Le delta du Siné Saloum

Après une semaine passée à Dakar, nous partons pour le Siné Saloum. Mouillé en face du CVD dans la baie d’Hann, nous avons pu faire l’avitaillement nécessaire, préparer nos missions pour VSF et visiter un peu cette belle ville bien agitée.  On a fait le plein de vacarme, on part à priori dans le calme et la quiétude !

On décide de partir le soir à la tombée de la nuit pour arriver au lever du jour à l’embouchure du Siné Saloum qui est balisé mais sans éclairage. On arrive un peu tard de notre visite de l’ile de Gorée et avec les derniers réglages administratifs, nous partons au début de la nuit. On n’y voit pas grand-chose, c’est un peu le stress car il y a pas mal de truc qui traine sans éclairage. Finalement tout se passe bien et nous passons l’île de Gorée avec 15 nœuds de vent plein cul (vent arrière). A partir de maintenant les bateaux sont visibles à l’AIS, normalement. La lune se lève et nous envoyons le spi que nous affalerons vers 5h car nous arrivons avec un peu d’avance à l’embouchure.

Le jour se lève, on aperçoit une première bouée de chenal, c’est parti pour l’entrée dans le delta du Siné Saloum.

Le jour se lève, on aperçoit une première bouée de chenal, c’est parti pour l’entrée dans le delta du Siné Saloum. Quelques minutes plus tard nous voyons ‘Sauve qui peut’ qui nous rejoint derrière la passe. Nous avons la chance d’avoir la marée montante qui nous porte jusqu’au village de Djirnda. On admire les paysages, les mangroves, les oiseaux, les centaines de pirogues de Djiffère, les cases en bois, les pièges à crevettes…

Village de Djirnda

On arrive vers 10 heure au mouillage de Djirnda où la flotte VSF nous attend (Ile Segal et Moana). Nous prenons un repos bien mérité après cette courte nuit et la chaleur qui commence à se faire pesante. Nous débarquons ensuite à terre pour faire un tour du village. Dès que les premiers enfants du village nous voient arriver, c’est la cohue, tous les jeunes débarquent et nous suivent ! « Bonzour, comment tu t’appelles ? ».Ils nous accompagnent et nous font un petit tour du village. A notre demande, ils nous montrent le collège où nous devons déposer plein de matériel et en passant vider le bateau ! Nous revenons par le stade de football ou un match semble débuter. Puis d’un coup nous voyons un groupe arriver et là tout le monde nous quitte pour aller à sa rencontre. On comprend alors que c’est un chanteur local et son staff qui vient tourner un clip pour son dernier album. La place centrale se transforme alors en une grosse fête avec les mamas aux calebasses et aux djembés et tout le monde y va de son pas de sa danse. Ces gens-là ont le sens de la fête ! Souvenir, on fait parti du clip ! Où est Charly :

Dans la soirée, on rencontre un des professeurs du collège avec qui nous prenons rendez-vous pour livrer le matériel et aussi réserver une calèche.

une fête organisée par l’ensemble des villageois se met en place, les musiciens, les danseurs, les vieux et surtout les jeunes nous font un show impressionnant

Le soir, le bateau Moana invite tous les équipages de VSF à diner. Ce sont les retrouvailles, nous avons des milliers choses à raconter, d’autant plus qu’eux repartent après deux semaines passées ici. Questions sur les missions, les navigations sur les bolongs, les bons plans pour l’avitaillement… Nous organisons également la journée du lendemain car nous sommes tous invités pour l’inauguration de l’école de Maya que vient de restaurer l’équipage de Dilettante (blog de Dilettante). Ils ont travaillé comme des fous pendant deux semaines à faire du béton, de la peinture, restaurer les tables et chaises… Le résultat est impressionnant et met la pression aux autres équipages pour la réalisation de leur mission.

Dès que nous arrivons sur place le lendemain, une fête organisée par l’ensemble des villageois se met en place, les musiciens, les danseurs, les vieux et surtout les jeunes nous font un show impressionnant. Ils invitent les toubabs à danser, ce qui les fait bien rire. S’en suit les discours de remerciements de la part de tous les représentants du projet.

Village de Maya

Nous finirons la journée avec les équipages de VSF car ils doivent repartir le lendemain vers Dakar.

Le lendemain, nous vidons le matériel stocké un peu partout dans le bateau et chargeons l’annexe à l’aide de Yan-Salaun d’ile Segal. Arrivés à terre, une charrette et un âne nous attendent pour livrer l’ensemble des fournitures au collège. Nous trouvons les 400 élèves et les professeurs qui nous font un accueil de fou avec les discours et les remerciements. Nous visiterons ensuite l’école, passons saluer les élèves de chaque classe.

Nous resterons la semaine entière au village. Nous sommes également allés interviewer plusieurs personnes sur le sujet de notre projet avec VSF, on se fait inviter à manger le Thieboudienne, on boit le thé, on se baigne au bateau quand il fait trop chaud l’après-midi, on fait les devoirs le matin et le soir vers 16h30 quand il faut un peu meilleur, on part en ville pour jouer au foot, aux billes, à la lutte. Les enfants arrivent un peu à se mêler avec les autres malgré l’excitation des petits autochtones à pouvoir jouer avec les petits toubabs. C’est à celui qui arrive à leur toucher les cheveux, leur prendre la main ou jouer un peu. Yann se fait un copain et aimerait jouer avec lui tout seul, comme dans la cour en France. Ce concept n’existe pas ici. Son copain Bilal est à l’école coranique, donc ne parle pas un mot de français. Ils arrivent quand même à se débrouiller pour faire des parties de billes, avec un public de 20 autres enfants.

Yann et Mila iront deux jours à l’école. La classe se passe plutôt bien, quand il y a le professeur, la discipline est là.  L’école se fait entre 8h et 13h avec une pause à 11h.

Les journées passent super vite et nous avons rendez-vous à Palmarin la semaine suivante pour rencontrer une association qui semble assez influente dans le Siné Saloum. Avant d’y aller, nous arrivons à caler un petit aller-retour à Siwo car nous devons y faire un échange scolaire. Siwo est un autre petit village insulaire qui est vraiment perdu dans la mangrove.

nous nous retrouvons beaché sur un banc de sable avec la marée et le vent qui nous bloquent !

Pour y aller, une quinzaine de milles dans les petits bolongs. L’équipage d’île Segal nous donnent quelques tuyaux pour y aller. Eux avaient été en compagnie du guide de VSF, Seydou. Comme on s’y est pris un peu à la dernière minute, Seydou ne peut pas nous accompagner. Nous décidons de partir seul. Ca n’a pas loupé, au milieu du trajet, nous nous retrouvons beaché sur un banc de sable avec la marée et le vent qui nous bloquent. Petit moment de solitude, la nuit tombe dans une heure et demie et la mer descend ! Finalement, une pirogue passe par là quelques minutes plus tard et on réussit à se dégager avec nos moteurs. Ils nous guideront pour la fin de la route.

Siwo est beaucoup plus petit, nous sommes étonnés de voir peu d’homme et de jeune dans le village. Nous apprendrons plus tard qu’ils sont tous partis en Gambie ou en Guinée pour la pêche. Ils partent entre 6 et 8 mois pour ramener un peu d’argent ? Ils laissent femmes, enfants et parents au village une bonne partie de l’année. Sur place, un équipage de 4 jeunes étudiants de VSF est en train d’électrifier avec des panneaux solaires la case des professeurs. Nous passerons 2 jours super dans ce village où nous rencontrons des personnes encore super attachantes, nous visiterons les cultures dans la brousse, partagerons des repas avec les professeurs qui accueillent également deux matinées les enfants en classe.

Village de Siwo

Nous arriverons vers 22h30 au mouillage sans encombre mais quand même une bonne dose de stress.

Nous retournons à Palmarin le mardi car nous avons rendez vous à 8h aux bureaux de Nebeday. La marée haute est vers 16 heures, nous sommes donc obligés de partir tard pour passer à travers les bancs de sables. Malgré la trace que nous avions faite à l’aller, nous arrivons à échouer le bateau 3 fois ! Nous sommes content s de sortir du bolong vers 18h30 mais il nous reste encore 3 heures de navigation pour rejoindre Palmarin. Nous ferons donc la navigation de nuit. Nous avons déjà repéré le chemin, il n’y a pas de piège à part les filets à crevettes, les pirogues mais qui généralement sont équipés d’une lumière et les bouées. Nous arriverons vers 22h30 au mouillage sans encombre mais quand même une bonne dose de stress.

Un taxi nous attend le matin pour aller au bureau. Toute l’équipe nous attend et nous passerons 3 jours à échanger sur leurs projets dans le delta du Saloum, nous faire visiter les lieux et de notre côté nous leur ferons une petite formation sur les risques et les protections côtières. Un super moment qui nous permettra de mieux connaître l’estuaire. Les enfants ont une chambre pour jouer pendant notre absence et une matinée, ils iront à l’école du village.

Village de Palmarin

Le vendredi soir, nos potes de Dakar, Jp, Wadzi et leurs deux filles nous rejoignent sur le bateau pour passer le weekend dans les îles. Nous passerons le samedi à Dionewar, dans le bolong des Dauphins et le dimanche nous sommes invités à Niodior chez Alimatou. C’est une femme hyper engagée dans l’activité et l’économie des femmes qui vivent sur les îles. On doit également livrer des cartons de jeux en bois pour la case des tout-petits.

Ca fait bizarre de passer de 4 à 8 sur le bateau. Même si ce n’est que pour deux jours, toutes nos habitudes changent, nous essayons de ranger notre bazar, leur montrer un peu nos habitudes sur le bateau. La vie à huit sur le bateau et surtout avec 4 enfants est assez agitée mais on a passé un super moment ! On les dépose le dimanche soir  sur la plage de Djiffère où des centaines de pirogues et de marins attendent ou reviennent de la pêche. C’est impressionnant et avec notre cata d’américain, on sent qu’on n’est pas les bienvenues, on se décalera un peu pour la nuit.

Village de Dionewar

Village de Niodior

Puis nous retournons vers Djirnda ou nous faisons les retrouvailles avec les connaissances, on reboit le thé, … On devait juste faire un stop d’une demi-journée et on y est finalement resté 2 jours.

Nous irons ensuite à Moundé, un village hyper charmant, se trouvant au fond d’un petit bolong accessible uniquement en annexe. Nous y retrouvons Lucie et Pierre de ‘Sauve Qui peut’. On y livre notre dernier sac de matériel pour l’association sportive des jeunes. Encore des supers rencontres, des paysages magnifiques, des enfants qui grimpent en haut d’un baobab à 20 mètres de haut pour cueillir les pins de singe… Encore 2 jours qui passent trop vite et le temps qui défile. Il nous reste à peine une semaine avant la fin de notre autorisation de séjour et de notre passavant pour le bateau.

Village de Moundé

Le Diombos... C’est un peu l’aventure car nous n’avons aucun retour d’expérience de voilier et il n'y a pas de balisage ni de cartographie

Nous nous dirigeons vers Toubacouta, à l’extrémité Sud du Delta, proche de l’embouchure du fleuve Gambie. Il faut refaire le même chemin que pour aller à Siwo puis continuer dans le Diombos (C’est le fleuve du Sud du delta). C’est un peu l’aventure car nous n’avons aucun retour d’expérience de voilier et il n’y a pas de balisage ni de cartographie. Nous avons récupéré uniquement des commentaires de piroguiers. Finalement, nous nous échouons qu’une seule fois sur le trajet entre Siwo et Mounde et la navigation dans le Diombos est assez simple car il y a beaucoup d’eau. Nous avons quand même fait quelques marches arrière toute lorsque le sondeur s’affolait. En fait on s’habitue à naviguer au sondeur et selon la morphologie des méandres. Et puis, dans les bolongs, ton meilleur ami est Google Earth !

On mouille devant le ponton principal de la ville après 5 heures de navigation et on en profite pour aller faire un petit circuit dans la ville. On avait un peu peur de retourner sur le continent mais la ville est super calme avec très peu de voiture et les gens sont cool.

On se pose dans ce bolong très calme, avec peu de passage

Nous avions choisi Toubacouta pour finir notre séjour car il parait que la végétation est plus dense, il y a plus d’animaux et nous avions aussi des contacts car le siège de Nébéday est implanté ici. Ca nous a permis de découvrir les bons plans rapidement (lessives, change d’argent, restos, balades, épiceries…). Et puis nous avions promis à Yann d’aller voir les animaux. Il avait lu qu’on pouvait voir une forêt avec des lions et autres animaux sauvages dans le Sénégal oriental. Faute de temps pour y aller, nous sommes allés à côté de Toubacouta où il y a une réserve avec des animaux en liberté. Nous irons faire une matinée de safari en 4×4 où nous avons vu des zèbres, girafes, antilopes, phacochères, singes… Mission réussi, les enfants étaient comme des oufs !

On se pose dans ce bolong très calme, avec peu de passage, on finit les devoirs à envoyer avant noël, on visite la petite île de Sippo où une centaine d’habitants vivent encore majoritairement dans des cases en bois. On visite un les plus gros amas coquillers de la région. C’est un gros tas de coquillage où on a retrouvé dedans 128 tumulus datant de plus de 4000 ans. D’ailleurs, il existe des mégalithes un peu plus dans les terres. Encore des bretons en exile ?

On en profite également pour avitailler, faire les pleins d’eau et de gazole.

Réparer le moteur hors-bord qui fait des siennes et prendra même feu lors de démarrages répétés ! Heureusement, plus de peur que de mal, le feu est éteint rapidement et pas de dommages collatéraux.

Village de Toubacouta

Le 15/12, après un mois au Sènegal, on lève l’ancre à 6h du mat. dans la nuit noire pour sortir du Diambala (Bolong à l’extrême Sud du Delta) à temps pour prendre le courant de jusant (marée descendante) du Diombos. Passer les bancs de sables de l’embouchure à mi-marée, clignotant à droite, on met cap sur Sal, Ile du Nord Est de l’archipel du Cap-vert.

et les enfants, qu’est ce que vous avez pensé du Sénegal ? 

On part avec des souvenirs plein la tête. On a passé un mois à faire des rencontres étonnantes, attachantes et surtout hyper inspirantes. Malgré les différences, leur manques de moyens, leurs difficultés, ils ont le smile toute la journée. On a voulu leur poser la question, c’est quoi leur définition du bonheur ?

Vidéo signée Allain Ripeau, merciii !!!

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