On arrive devant le chenal de Panamarina après une nav de 40 milles depuis les San Blas. Les gérants Sylvie et Jean-Paul, deux français, se sont installés ici il y a près de 25 ans. Ils nous ont déconseillé d’arriver de nuit. Le chenal est en effet balisé par des tubes PVC fixés sur les platiers coraliens affleurants où de bonnes vagues y déferlent. Mieux vaut ne pas se louper d’autant que la largeur se réduit à quasi 20 m au plus serré. On arrive ensuite dans une petite baie au milieu de la mangrove où il y a une 30aines de bateaux sur corps morts. Il y a également une rampe de mise à l’eau avec un Parklev 20T qui permet de sortir notre Motu.
Arrêt au stand
On a décidé de faire l’entretien annuel ici, juste avant le passage du canal. On avait fait le dernier antifouling au mois de mai dernier (1 couche de matrice dure et une couche d’érodable) et il est déjà temps d’en remettre. L’érodable est parti assez rapidement et la couche de matrice dure est partiellement partie, surtout sur tous les bords d’attaques, probablement liés aux sargasses. On va en profiter également pour changer les bagues de safrans car il commence à y avoir pas mal de jeu et réparer un petit accro sur le quillon tribord. Jerem avait vu en plongeant qu’il y avait un peu de fibre qui se décollait. On pourra aussi se renseigner pour les formalités du passage du canal.
Otite, quand tu nous tiens…
Le premier jour à la marina, les enfants se plaignent des oreilles… Aller encore des otites malgré les nombreux rinçages à l’eau douce (on a suivi tes conseils Marie) et les bouchons d’oreille. Il y a un centre de santé dans le village à Portobelo (30 min en taxi). Le médecin comprend qu’on enchaine les otites depuis un moment et décide d’administrer une injection dans les fesses à chacun pendant 3 jours. Ils prendront la première injection mais pas les autres ! Ça leur a fait un mal de chien… On se renseigne donc auprès de connaissances médecin et apparemment ce traitement n’est pas du tout adapté et beaucoup trop fort !! On passera donc par des antibiotiques classiques qu’on a à bord. Là, on se sent mal en tant que parent ☹.
Formalités pour le canal
On prend RDV également avec Suzy, l’agent du canal qui à pignon sur rue ici car elle parle 5 langues dont le français. Elle nous conseille de faire les mesures tout de suite avant de mettre le bateau à terre. Il y a 35 milles pour aller sur zone et pareil pour le retour mais face au vent et aux vagues. On décide donc que Jerem ira se faire l’aller-retour tout seul et que Sandra et les enfants attendent ici tranquillement. Sandra ne manquera pas de trouver un hôtel 3 étoiles avec piscine et ptit-dej à volonté. L’aller-retour a pris 48h. Les formalités sur place ont pris 10 min !
Rencontres
Le matin où on doit mettre le bateau à terre, on voit s’approcher dans le chenal à faible vitesse un cata qui ressemble fortement à celui de Tonio. Mais si, c’est bien lui avec Charlie sa fille et deux bateaux stoppeurs. Ils arrivent directement de Guadeloupe. On s’y était croisé rapidement mais on ne pensait pas les voir au Panama. Les enfants sont trop contents d’avoir une nouvelle copine et les parents aussi pour les apéros.
Et en plus Jo, une des deux bateaux stoppeuse, est maîtresse d’école et propose de faire l’école aux enfants le matin. Attends, je réfléchis deux secondes… c’est OK !
Et puis le deuxième bateau stoppeur, c’est Nico qu’on avait déjà croisé à Ténérife. Le mec a 25 ans et est parti de Paris en août dernier sans argent pour un tour du monde !! Un peu à l’image de l’émission « Nus et culotés », il se débrouille en proposant des services aux gens qui l’aident en retour. Il nous propose son aide pour les travaux sur le bateau, en échange on l’amène avec nous pour traverser le canal, Banco !
On fera plein d’autres rencontres notamment au bar restau de la marina qui est super sympa… (Mike et Anne-So, Claude zéro, Anabelle, Michel et Véronique, Marcel…)
Chantier !
On met le bateau au sec le vendredi matin. Ça prendra toute la matinée pour trouver la bonne configuration des patins mais nous ne sommes pas pressés. Deux jours avant, ils ont percé la coque d’un bateau en allant trop vite avec les patins mal positionnés !
Ils nous mettent sur une petite place où nous avons l’eau et l’électricité. Ici on est en pleine jungle et on s’apercevra rapidement que ce n’est pas pour rigoler. Ya des bêtes partout, grenouilles énormes, serpents et surtout pleins de moustiques, des chitras (les nonos ou yen-yens), des cafards volants géants… Et puis il fait chaud, très chaud et humide avec peu d’air, ça change du chantier des fontaines à port des Barques ! Le défi a donc été de faire entrer le moins de bêtes possible dans le bateau tout en aérant de temps en temps sans se faire manger par les moustiques et autres chitras !
Dans le même temps il a fallu nettoyer toute la coque des coquillages, coraux, algues… poncer un peu, remettre du primaire epoxy là où le gel coat était apparent, remettre des patchs de matrice dure et 2-3 couches d’antifouling érodable.
On a peint aussi les hélices et sail-drives avec un primaire et une peinture censée être super résistante.
On peint également le dessus de l’annexe pour la protéger du soleil.
Il y a eu aussi le démontage des safrans pour changer les bagues en ertacétal. Cette partie s’est plutôt bien passée à part le démontage et remontage des drosses et secteurs qui prennent toujours une plombe. Merci aux livreurs français pour nous avoir envoyés les nouvelles bagues 😉.
Et puis la réparation du quillon a été plus longue que prévue. Au début ça semblait être juste un peu de fibre à dégommer et refaire une strate par-dessus. Mais quand on a posé le bateau sur ses cales en bois, le tissu qu’on avait fait rapidement à Port des Barques s’est décollés et on a vu que de l’eau sortait du quillon. Du coup il a fallu tout redégommer, ouvrir le quillon pour bien vider l’eau et le sécher. D’ailleurs une odeur de pourrie en est sortie à ce moment là rappelant l’odeur qu’on avait à chaque fois qu’on partait naviguer… On s’est posé des questions pendant des mois d’où cette odeur pouvait provenir, on a eu la réponse en 30 secondes ! On a dû mettre le bateau sur un patin avec un cric et des étais pour pouvoir travailler sous le quillon. Puis on a fait appel à Rangel, expert local en stratification, pour nous faire une belle strate après avoir bien séché le tout. Le résultat est parfait, et bien résistant. On a testé en reposant le bateau sur ses cales en bois.
Le bateau est tout beau tout propre, on remet à l’eau après 11 jours à terre.
Petit imprévu de dernière minute, pour mettre à l’eau on a dû laissé l’annexe au soleil toute la matinée pour préparer la mise l’eau. Résultat, une ancienne réparation à péter sur le boudin avant… On garde son calme et on répare…
On fête le retour à l’eau !
Pas mécontents de retrouver l’élément liquide et surtout de l’AIIIRRR ! Ça fait fuir les chitras et surtout on a l’impression de retrouver une température vivable sur le bateau. On part directement à Lynton Bay Marina où on retrouve Jo la maîtresse et les 3 garçons du Class 40 Le Tiroflan.
Nico nous retrouve le soir même après un périple de dingue. 2 traversées du Panama (Carti – Panama City – Lynton Bay Marina) sans argent forcément. Evidemment, ça fait de bonnes anecdotes à raconter ! Pour suivre son aventure il faut aller sur Instagram et chercher ForgotMyWallet.
Le lendemain on répare l’annexe, on fait du rangement, on profite du wifi, on fait le plein d’eau et le soir on fête l’anniv de sansan avec les Tiroflans, Nico et Jo. Nico nous a préparé un repas gastro (il a fait des études de cuisine et est passionné) !!
Le lendemain on part pour Colon après avoir fait le plein de carburant. On réussit à faire la route avec Tiroflan pour aller faire un mouillage de dingue dans le rio Chagres au milieu de la jungle. L’entrée n’est pas évidente, on sert de pilote aux Tiroflans qui ont 3 m de tirant d’eau. On arrive dans le rio à la tombée de la nuit au milieu des arbres et du boucans des animaux, c’est impressionnant et les couleurs sont magnifiques.
Le lendemain on fait une visite de la jungle en dinghy à la recherche des crocos. Raté, on n’en verra pas mais on a vu des toucans, des singes, des chauves-souris, des lézards et des milliers d’oiseaux.
Passage du canal de Panama
On part ensuite en face de Shelter Bay en position pour le canal et pour récupérer les deux bateaux stoppeurs, Astrid et Pierre, qui souhaitent traverser jusqu’aux Marquises avec nous. On passe le canal avec eux, c’est l’occasion de faire plus ample connaisse avant de se lancer pour 45 jours sur un bateau…
Pour le canal, c’est raté pour aujourd’hui, Suzy nous appelle pour nous dire qu’il n’y a pas de pilote pour nous. Les Tiroflans eux partiront quand même.
Le lendemain tout est ok.
Le handliner qui vient avec nous arrive à 15h et le pilote à 18h30. Nous voilà partis pour traverser le continent et pour rejoindre un nouvel océan !!
On part de nuit tranquillement derrière le cargo qui sera devant nous dans l’écluse. On part également avec deux monocoques qui seront à couple de nous, un de chaque côté et c’est nous qui ferons les manœuvres au moteur. En revanche nous n’aurons pas d’aussières à terre à gérer.
En arrivant devant les écluses, on attend que le cargo soit en position puis à notre tour de rentrer. Rapidement, on s’amarre et la porte se ferme aussitôt. Bye bye l’Atlantique et la mer des Caraïbes.
On monte rapidement de 9 mètres. Ça fait bizarre, on voit toute la baie de Colon de haut.
On répète la manœuvre 2 fois jusqu’à arriver au lac de Gatun. Entre les écluses, les 3 bateaux restent à couple. On attend que le cargo soit en place dans la nouvelle écluse. Lorsqu’il embraye son hélice, ça créer un bouillon dans tout le bassin et on se retrouve avec 2-3 nœuds de courant de face. Vaut mieux être bien amarré surtout que derrière il y a un trou de 9 m !
Une fois dans le lac, on fait 20 minutes de moteur pour s’amarrer à une bouée vers 23h30. Le Pilote rentre à terre et nous dormons à 8 sur le bateau. Petite nuit car avec le passage de tous les bateaux, les pare-battages et les amarres couinent sur la bouée.
Un nouveau pilote est déposé sur notre fier Motu vers 9 h et nous partons pour une journée de moteur à travers le canal. On essaye de faire une moyenne entre 5 et 6 nœuds sous une chaleur de fou. Il n’y a pas d’air. D’ailleurs, un grand merci à Nico a donné de sa personne pour nous préparer des repas de chef pour tout le passage du canal (et d’ailleurs tout le temps où il est resté à bord) et sous cette chaleur infernale. Bœuf bourguignon et chili con carne. Et oui, il faut préparer des repas aux pilotes mais des repas chauds et avec de la viande, ces messieurs sont exigeants. Il parait qu’ici une salade de riz est considéré comme une insulte, et l’amende peut être salée !
On fait des quarts à la barre pour se protéger du soleil. Les autres se reposent ou scrutent le rivage au cas où on verrait des crocos. Encore raté, pas un seul croco en vue alors qu’à priori il y en a plein dans le lac.
On arrive vers 13 h à l’écluse Pedro San Miguel. Même principe que pour les écluses montantes sauf que nous sommes en avant du cargo cette fois-ci et qu’il y a une petite séparation jusqu’aux deux écluses Miraflores. Derrière nous le cargo est un roulier, énorme. 200 m de long et surtout très haut.
On arrive dans le Pacifique vers 16 h 30.
On dépose le pilote et le hand liner au Balboa Yacht Club et on y restera à la bouée quelques jours. On part en urgence à l’hôpital car jerem a un bouton qui s’est infecté et le pied gauche a triplé de volume. On file à la clinique la plus proche ouverte un dimanche soir. On arrive à trouver des pharmacies ouvertes et ce sera antibio et cortisone pour quelques jours. Ca nous laissera le temps de visiter un peu la ville de Panama et de préparer notre plus grande traversée du voyage vers les Marquises (3 500 milles nautiques ~ 7 000 Km !!).
Tiens c’est marant, ici il y a 5 mètres de marnage, ça faisait longtemps !
Bienvenue dans le Pacifique !
2 Commentaires
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Coucou les amis, Toujours autant de plaisir de vous lire et de vous voir… nous nous régalons de vous suivre… Très bon et joyeux anniversaire à Mila… elle se rappellera de ses 6 ans!!! Profitez bien et continuez à nous faire rêver c’est génial !! Pleins de gros bisous à vous 4 et pleins de gros câlins aux 2 petits loulous d’amour 😘❤️💗💕💓
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anne schmid dugor
Super reportage. Prenez soin de vous.. Profitez bien. On vous aime. Bizzzzzzzzz